Les récits de rencontre avec la Dame de l'Étang ne manquent pas parmi les chevaliers. Colportées par les ménestrels et troubadours dans les moindres seigneuries du Royaume, les histoires captivent les jouvenceaux qui espèrent ressembler à leurs aînés et les damoiselles qui aspirent à l'amour courtois d'un preux chevalier. Les anciens sourient parfois aux nombreuses exagérations, mais savent qu'un pieux mensonge peut inspirer les hommes sur plusieurs générations.
La plus ancienne de ces gestes parle d'un chevalier solitaire venu du Valégro, rêvant de pourfendre des dragons et de sauver des princesses. Après plusieurs quêtes infructueuses, l'ayant ridiculisé aux yeux de la population, il décida de se jeter avec son armure dans un étang pour s'y noyer. C'est alors qu'une femme d'une grande beauté serait apparue au-dessus des eaux et l'aurait convaincu de renoncer à son sinistre projet. Elle lui aurait confié alors une quête, celle de retrouver le Saint Kraal, gobelet ayant servi à recueillir les humeurs divines. Le chevalier, retrouvant courage, réussit à rassembler autour de lui des compagnons inspirés par son récit. Il surmonta alors de nombreuses épreuves et culbuta moult jouvencelles, sans toutefois trouver le Kraal.
Après de longues recherches, un historien moldave trouva les traces de ce fameux chevalier dans des archives du Valegro. D'après lui, l'homme n'était qu'un noblion de piètre envergure préférant conter fleurette que partir au combat. Voulant trousser une jolie bergère se refusant à lui, il la poursuivit jusqu'à un étang. La donzelle le précipita à l'eau et, gêné par son plastron, le chevalier faillit se noyer. Parvenant in extremis à sortir de l'eau, il fut recueilli par des paysans qui colportèrent l'histoire. Afin de contrer la rumeur, le chevalier aurait alors inventé un récit le mettant nettement plus en valeur. Cette théorie fut qualifiée de révisionniste par le pouvoir ruthvène qui prétexta l'origine moldave de l'historien pour lui attribuer des sympathies pour la jacquerie paysanne et pour le faire exécuter.
Plusieurs autres chevaliers prétendirent avoir eux aussi rencontré la Dame de l'Étang venue à leur aide et les récits merveilleux se multiplièrent, dissipant les doutes qui pouvaient encore subsister. Un clergé se développa rapidement, afin de servir au mieux les desseins de la Dame de l'Étang.
Au sein du Culte de la Dame de l'Étang existent plusieurs mouvements qui diffèrent par leur interprétation des événements sacrés. Les adeptes des différentes branches se disputent parfois quant à la véracité de leurs dogmes respectifs, mais s'en tiennent généralement à des discussions vives sans recourir à la violence.
Il existe encore bien d'autres chapelles : il est impossible de toutes les recenser.
Bien qu'il puisse y avoir des différences entre les différentes branches du Culte de la Dame de l'Étang, les adeptes s'entendent généralement sur une série de valeurs communes. Ainsi la Dame de l'Étang incarne la Justice et apparaît aux hommes afin de leur inspirer la volonté d'accomplir des actions justes.
Elle sert également en général de caution du pouvoir en place puisque les souverains de Ruthvénie affirment détenir leur pouvoir de la Dame de l'Étang.